LA FORMATION PROFESSIONNELLE : UNE VOIE D’AVENIR !

Un colloque pour encourager la coopération en faveur de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes méditerranéens

Selon l’OMC, les taux de chômage avoisinent les 30% dans les pays du Maghreb, tandis que le coût du chômage des jeunes des pays membres de l’OCDE atteint 560 milliards de dollars, soit l’équivalent de 1% de la richesse des pays. Les pays méditerranéens font face à des problématiques similaires et ce n’est que dans un cadre coopératif d’échanges entre les deux rives que des solutions efficaces et pérennes émergeront.

Le 17 avril dernier, dans le Grand Salon de la Sorbonne, l’IECD et l’académie de Paris se sont associés pour valoriser les actions concrètes de formation et d’insertion professionnelles mises en œuvre sur le terrain, dans le but de susciter l’adhésion des pouvoirs publics et du secteur privé. Pour traiter du sujet, des acteurs des deux rives de la Méditerranée (Égypte, Liban, Maroc et France) sont venus rappeler l’opportunité que représente la voie professionnelle pour l’insertion des jeunes, et insister sur la nécessité de fédérer l’ensemble des acteurs de l’écosystème.

Plus de 120 personnes se sont rassemblées pour l’occasion : représentants des organisations internationales, des ministères, entreprises, acteurs de terrain et experts académiques. Cet événement fut également une façon de marquer 10 ans de collaboration entre l’IECD et l’académie de Paris, et de remercier les partenaires présents ce jour, fidèles soutiens de l’IECD dans son ambition de mener les jeunes vers des emplois décents et durables. Parmi eux : l’Agence française de développement (AFD), l’entreprise Schneider Electric, la Chambre de commerce et d’industrie française en Égypte (CCIFE), les associations l’Heure Joyeuse au Maroc et Semeurs d’avenir au Liban.

VERS UNE FORMATION PROFESSIONNELLE DE QUALITÉ GRÂCE À L’IMPLICATION DE TOUS LES ACTEURS

Les 10 ans de collaboration entre l’IECD et l’académie de Paris ont participé au déploiement de dispositifs de haute qualité qui ont remis des milliers de jeunes méditerranéens dans une dynamique positive de formation et d’emploi. Ces résultats confirment que lorsqu’il y a adéquation entre formation et marché de l’emploi, les jeunes parviennent à s’insérer professionnellement.

Au Maroc, le Centre de formation des apprentis (CFA) de Mkanssa – un centre cocréé par l’IECD et l’association l’Heure Joyeuse en 2014 – a considérablement augmenté le taux de placement des jeunes en contrat d’apprentissage pour atteindre 80% en 2018, grâce à l’amélioration des contenus de formation et le renforcement des liens entre école et entreprise.

Leila Benhima Chérif, présidente de l’association l’Heure Joyeuse, rappelle pourtant que le CFA accueille des jeunes en grande difficulté dont certains n’avaient pas atteint le niveau de troisième à leur entrée en formation. « Nous nous adressons à des jeunes marginalisés qui ont quitté le système scolaire, vivent dans des quartiers défavorisés et ont perdu confiance en eux. Pour les sortir de cette spirale infernale, nous les faisons travailler sur leurs motivations, sur leur projet de vie. Les progrès se mesurent par exemple à travers l’assiduité : nous avons aujourd’hui des taux d’abandon très bas, de l’ordre de 1 à 2% et cela suscite chez nous une grande admiration pour ces jeunes « décrocheurs. »

La formation professionnelle est en effet fortement plébiscitée par les entreprises, à condition qu’elle réponde à leurs exigences.

Pour accéder à la qualité requise, Salam Younes, directrice générale de l’Enseignement technique et professionnel du ministère de l’Éducation et de l’enseignement technique libanais, rappelle les bienfaits de la coopération internationale : « Autant en ce qui concerne les équipements et les bâtiments (dits « hard ») que la refonte des programmes de formation professionnelle et technique (dits « soft ») « .

Force est de reconnaître qu’aujourd’hui, la formation professionnelle est encore considérée comme une voie par défaut. C’est le cas dans l’ensemble des pays méditerranéens :

« On a environ 1 médecin pour 3 patients, mais seulement 1 infirmière pour 20 patients ! » regrette Nayla Ibrahim, directrice de l’association Semeurs d’avenir au Liban. « C’est très significatif de la mentalité : tous les parents veulent que leurs enfants soient ingénieurs, médecins ou avocats. La formation technique n’est pas reconnue au Liban alors que les besoins sont là. »

En Égypte, M. Hassan Behnam, Directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie française, invoque la « forte culture de « l’employé de l’État », encore très présente. Les entreprises sont par ailleurs plus sélectives et recherchent des jeunes qualifiés et formés afin d’économiser leur temps de production. »

Pour que les métiers techniques retrouvent leurs lettres de noblesse, il est essentiel que les formations dispensées soient de qualité. Ainsi, grâce à la coopération entre l’IECD, le ministère libanais, l’association Semeurs d’avenir, les centres de formation technique et l’académie de Paris, un baccalauréat en électrotechnique a été créé au Liban et est devenu une filière d’excellence, reconnue officiellement par l’État. L’IECD s’est alors vu confier la création de deux nouveaux baccalauréats techniques dans des secteurs porteurs.

COMMENT PASSER À L’ÉCHELLE SUPÉRIEURE ?

Éssaimer les bonnes pratiques à l’échelle de la région méditerranéenne

Les bonnes pratiques expérimentées par les uns pourraient bénéficier à d’autres acteurs se trouvant confrontés aux mêmes problématiques. La mutualisation des ressources engendre gain de temps, d’argent, est source d’innovation, et de visibilité pour les acteurs opérationnels. C’est la mission qui a été attribuée au réseau Méditerranée Nouvelle Chance :

« Il convient de souligner le rôle important des réseaux de type Méditerranée Nouvelle Chance pour la capitalisation et le partage d’expériences, pour le plaidoyer auprès des autorités publiques et des entreprises, afin d’assurer ainsi l’amplification et la pérennisation des actions. » s’exprimait Véronique Sauvat, responsable de la division éducation-formation-emploi de l’Agence française de développement.

Depuis 2018, l’IECD a pour mission de dynamiser et de développer le réseau. Candidat au Sommet des deux rives qui se tiendra le 24 juin prochain à Marseille, à l’initiative du Président Emmanuel Macron, le réseau Méditerranée Nouvelle Chance espère que des mesures en faveur de l’insertion des jeunes les plus en difficulté seront prises.

Mobiliser l’ensemble des acteurs

Pour répondre à l’importance de l’enjeu, il est indispensable de sensibiliser les pouvoirs publics ainsi que les entreprises :

« Schneider Electric s’est engagé à former 1 million de jeunes d’ici 2025. Nous félicitions l’IECD, notre partenaire, pour sa contribution et son aide à travers le programme Graines d’Espérance qui favorise l’insertion socio-professionnelle des jeunes et a été répliqué dans 6 pays. » déclare Gilles Vermot Desroches, directeur du développement durable de l’entreprise Schneider Electric.

LA FORMATION PROFESSIONNELLE : UNE VOIE D’AVENIR !

Aujourd’hui, tous les acteurs de la formation et de l’insertion professionnelle s’accordent à dire que les métiers techniques peuvent absorber une grande partie des besoins d’emploi et constitue une véritable opportunité.

Pour répondre à la pénurie de techniciens dans des secteurs porteurs, il est indispensable de réformer la formation professionnelle, en accord avec les entreprises et les pouvoirs publics. Les freins restent cependant nombreux et notamment le sous-financement des dispositifs, pour lequel le soutien des organismes internationaux tel que l’AFD est clé. À cette occasion, Véronique Sauvat a réaffirmé le soutien de l’AFD aux acteurs opérationnels dont « les initiatives sont porteuses d’innovations considérables ».

« Pour s’accomplir et se réaliser, la jeunesse a besoin d’un travail ! » conclut Alexis Béguin, directeur général de l’IECD. Des solutions efficaces existent. L’enjeu est désormais de les démultiplier pour permettre à tout jeune de donner sens à sa vie et de se réaliser à travers un métier valorisant, là où il vit. »

L’IECD S’ENGAGE AUPRÈS DE LA JEUNESSE MÉDITERRANÉENNE

  • en développant l’impact du réseau Méditerranée Nouvelle Chance sur les deux rives de la Méditerranée.
  • en multipliant par 3 le nombre de jeunes accompagnés en Méditerranée d’ici 2025 et par 2 le nombre de pays du bassin méditerranéen faisant partie du réseau.

Nous remercions chaleureusement l’académie de Paris

d’avoir accueilli ce colloque, ainsi que tous les intervenants :

Jean-Michel Coignard

Directeur de l’académie de Paris, directeur des services départementaux de l’Education nationale​
ACADEMIE DE PARIS

Mme Véronique Sauvat
Responsable de la division éducation-formation-emploi
AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT

Mme Salam Younes
Directrice générale de l’Enseignement technique et professionnel,
MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION ET DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR LIBANAIS

Gilles Vermot Desroches
Directeur du développement durable,
SCHNEIDER ELECTRIC

Hassan Behnam
Directeur général
CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE
FRANÇAISE EN ÉGYPTE

Mme Leïla Benhima Cherif
Présidente de l’ASSOCIATION L’HEURE JOYEUSE AU MAROC

Mme Nayla Ibrahim
Directrice de l’ASSOCIATION SEMEURS D’AVENIR AU LIBAN

Guillaume Maujean

Rédacteur en chef aux ECHOS

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