Après 7 années de conflit en Syrie, la guerre n’est plus seulement une affaire de militants, mais touche également une élite intellectuelle et dirigeante qui a tenu à rester dans son pays malgré les conditions extrêmes. Ahmad Fares est mort des suites d’un tir de sniper, qui n’a pas seulement atteint sa vie, mais aussi celle de ses amis et de tous ceux qui l’aimaient et croyaient en lui, en son devenir d’ingénieur en passe d’être diplômé et en son avenir de jeune entrepreneur qui employait son énergie à trouver des solutions pour les centaines de blessés résultants du conflit et devenus prisonniers de leur fauteuil roulant. Ahmad Fares était aimé et respecté de tous ceux qui l’avaient approché à l’IECD. Nous avons travaillé avec lui pour l’aider à accomplir son rêve, un rêve qu’il ne verra pas devenir une réalité.

L’IECD continuera de soutenir les centaines de jeunes qui comme Ahmad, ont un grand sens de la morale et de leurs responsabilités, et nous continuerons à travailler pour que se réalise son rêve, afin d’honorer sa mémoire et apporter un peu de réconfort et de paix à sa famille et ses amis. L’IECD en Syrie fera son maximum avec l’aide du siège de l’IECD en France, ainsi que l’UNICEF, pour achever le rêve d’Ahmad et se souvenir de ce qu’il était. »

Nidal BITAR,

Représentant de l’IECD en Syrie

Selon moi, Ahmad était un apprenant idéal : passionné, respectueux, assoiffé de vie. Il avait conscience de la chance que l’IECD lui apportait. Je ne peux pas décrire à quel point j’ai été choqué d’apprendre sa mort ».

Abeer AL-HADDAD,

Coordinateur du programme BRIDGES

Extrêmement intelligent mais modeste et serein. C’est ce qu’il me vient à l’esprit lorsque je songe à Ahmad. Il intervenait rarement en classe, mais quand il le faisait, c’était différemment de ses collègues. Ses questions étaient pertinentes et pratiques. Au contraire de timide, il était drôle et avait une bonne relation avec ses camarades. Il aimait les aider et les conseiller en partageant ses propres expériences.
Vous ne pouviez pas être indifférent à la façon qu’il avait de penser et d’analyser. Je pense que c’est la raison pour laquelle il était si unique.  Ahmad était sans doute l’un des plus créatifs et prometteurs jeunes entrepreneurs de Syrie. C’est une grande perte pour notre pays. »

Mhd Eyad AL-AKKAD,

Formateur du programme BRIDGES.

AHMAD, TUÉ PAR UN TIR DE SNIPER À DAMAS

Ahmad était accompagné par l’IECD dans son projet de créer des fauteuils roulants autonomes pour les blessés de la guerre.

Do not judge a biography by its length
Nor by the number of pages in it
Judge it by the richness of its contents


Sometimes those unfinished are among the most poignant


Do not judge a song by its duration
Nor by the number of its notes
Judge it by the way it touches and lifts the soul


Sometimes those unfinished are among the most beautiful


And when something has enriched your life
And when it’s melody lingers on in your heart
Is it unfinished? Or is it endless?

Anonyms

Ahmad Talal Fares (1995 – 2018)

Ahmad est né et a grandi à Homs. Il est le plus jeune d’une famille de 4 enfants. Ahmad n’avait jamais imaginé devenir ingénieur et pourtant, il était étudiant en quatrième année de Mechanical Design Engineering quand il a décidé de participer au programme BRIDGES de formation à l’entrepreneuriat et à la recherche de financements. La famille d’Ahmad s’est installée à Damas au début de la crise syrienne. C’est à ce moment que la personnalité d’Ahmad s’est affirmée et que son esprit inventif s’est révélé. De timide et introverti qu’il était, il est devenu une personne curieuse, enthousiaste et dynamique. Il a commencé à écrire des poésies, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant. Il a ouvert ses horizons à partir du moment où il est devenu plus sociable et il a rencontré des personnes aux parcours et cultures très divers. Il a travaillé comme représentant commercial pendant un temps et il excellait ! Ahmad a commencé à réfléchir comment il pouvait aider les syriens dans cette passe terrible, comment il pouvait contribuer à servir ses semblables. Avec deux de ses amis, Ahmad a décidé de créer un prototype avancé de fauteuil roulant qui pourrait monter et descendre les escaliers sans assistance, et que les usagers pourraient manoeuvrer de façon autonome.

Puis Ahmad reçut les fonds du programme BRIDGES. Son équipe a commencé à travailler sur le prototype qui devait être prêt pour octobre 2017. Ahmad a expliqué que le fait de présenter son projet devant la commission d’attribution des fonds a été une expérience exceptionnelle dans sa vie. C’était la première fois qu’il effectuait ce genre de présentation.

« Je n’aurais jamais inventé quelque chose d’aussi fou et d’aussi utile s’il n’y avait pas eu autant de besoins dans notre société. Beaucoup trop de personnes deviennent handicapées dans cette guerre et ont besoin d’assistance. Je souhaite leur rendre la vie plus facile » dit Ahmad.

Après avoir terminé son projet, Ahmad avait prévu de contacter l’entreprise Meyra, une compagnie allemande qui est pionnière en matière de fabrication de fauteuil roulant.

L‘expérience d’Ahmad en tant que membre invité de la commission d’attribution des financements. De ses propres mots :

J’ai eu cette double expérience d’être à la fois élève et jury du programme BRIDGES, et c’est une grande chance d’avoir vu les deux côtés : la formation, ses activités et ses obstacles, et la commission, ses responsabilités et sa clairvoyance. Ce fut une expérience très positive qui m’a ouvert mes horizons. Elle m’a permis d’être vigilant sur le principe de précaution, encore plus parce qu’il s’agissait de projets qui m’étaient présentés. Avant de les juger, je cherchais à comprendre en quoi les projets répondaient aux objectifs SMART. J’ai aussi remarqué qu’il y avait de nombreux aspects importants que nous omettons lorsque nous présentons nos projets devant la commission. Même quand ces détails peuvent faire pencher la balance de notre côté.

Ce fut une expérience très enrichissante et j’ai compris comme il était important pour un membre du jury d’avoir des connaissances et une expérience suffisantes pour prendre une juste décision. »

Ahmad FARES,

J’ai rencontré Ahmad officiellement deux fois.
La première fois, lorsqu’il a défendu son projet devant la commission de financements et réussit à nous convaincre.
La seconde fois, lorsqu’il siégea à mes côtés, en tant que membre du comité, afin de noter les projets des nouveaux jeunes entrepreneurs.
Il était une belle personne, inspirée, l’un des plus créatifs parmi les jeunes entrepreneurs que nous avons eu l’honneur de rencontrer dans le programme BRIDGES.
En tant que membres de l’UNICEF à l’Agence Syrienne, nous avons été profondément touchés par sa mort. Nous espérons que sont rêve sera réalisé par ses pairs. Ahmad, comme les autres jeunes entrepreneurs, ont la même motivation et passion d’aider la société syrienne. »

Mohamad KANAWATI

Spécialiste du développement de la jeunesse et des adolescents.
Fonds des Nations Unies pour l’enfance (United Nations Children’s Fund) – UNICEF
Damas – Syrie

Ahmad était un jeune distingué comme aucun autre. Il était extraordinaire et l’énergie qu’il dégageait était évidente pour tous ceux qui l’ont connu et ont eu l’honneur de travailler avec lui. Personne ne pouvait douter de sa passion, de son rêve, de son exigence, et de son savoir-être. Il combinait un savoir-faire avec un solide sens de la morale. C’est pourquoi il était un candidat idéal à l’entrepreneuriat selon moi. Quand Ahmad a obtenu son financement pour son projet de fauteuil roulant, il est venu me voir à mon bureau pour discuter de son plan de mise en œuvre. Il a emplit le bureau de son énergie positive, de son espoir et de son sens du devoir. L’intelligence d’Ahmad et sa modestie étaient flagrantes dans tout ce qu’il faisait. Il était un jeune homme qui poursuivait son rêve, un rêve né de cette terrible guerre et saboté par cette même guerre. »

Alma JOKHADAR,

Département des financements IECD Syrie.

Nous nous efforçons de donner un sens à cette tragédie, mon cœur et mes pensées vont à la famille d’Ahmad, à ses amis proches et à tous les syriens qui ont eu à souffrir de cette horrible guerre depuis 7 ans, parce qu’ils n’ont d’autres choix que de vivre avec.
Je me sens privilégiée d’avoir été le témoin du passage d’Ahmad dans le programme BRIDGES du début à la fin, en tant que personne bénéficiaire de la formation, en tant que candidat ayant reçu un financement pour son projet, en tant que jeune passionné par l’idée de réaliser son rêve et d’aider les moins chanceux de sa communauté.
Il m’est très difficile de mettre des mots sur ce que la vie d’Ahmad fut et sur ce que cela signifie pour sa famille, ses amis et tous ceux qui l’ont connu à l’IECD.  Il était une jeune homme actif et dynamique, en passe d’obtenir son diplôme d’ingénieur. Il était un philanthrope engagé dans de nombreuses causes caritatives et de travaux volontaires. Je sais que son souvenir perdurera dans la mémoire de tous ceux qui l’ont connu. Je souhaite que son âme trouve la paix avec l’achèvement de son rêve. »

Dima BAYASI,

Chargée de communication, IECD Syrie